Le Recteur de l’Université d’Etat d’Haïti, le professeur Fritz Deshommes, a procédé, conjointement avec le directeur de l’Ecole de la Magistrature (EMA), Me Kesner Michel Thermezy et le président de la Fédération des Barreaux d’Haïti (FBH), Me Jacques Letang, à l’investiture de la Commission de suivi de l’Etude sur l’Enseignement du Droit en Haïti, le lundi 24 août 2020 au Rectorat de l’UEH.
Cette cérémonie d’investiture s’est déroulée en présence du Secrétaire Général de l’UEH, M. Wilson Dorlus, du Secrétaire Général de la FBH, Me Robinson Pierre-Louis, du doyen de la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Port-au-Prince, le professeur Elie Meus, des responsables des Ecoles de Droit des villes de province et de Port-au-Prince, des membres de la Commission de restructuration de l’Ecole de Droit et des Sciences Economiques des Gonaïves ainsi que des représentants d’autres institutions et professionnels du droit.
Dans son discours de circonstance, le Recteur Fritz Deshommes a rappelé que le rapport de l’étude sur l’enseignement du Droit en Haïti qui a donné lieu à cette commission « se situe en ligne droite du cri d’alarme lancé en mai 2019 par les Etats Généraux de l’UEH qui ont demandé dans une disposition spécifique que les Ecoles de Droit des Gonaïves et des Cayes fassent l’objet d’une attention spéciale des autorités académiques ».
Pour le Recteur Deshommes, à partir du travail de cette commission, « les étudiants jouiront de meilleures conditions d’apprentissage, d’évaluation et d’encadrement. Les mémoires de sortie seront mieux dirigés, mieux élaborés et les soutenances réalisées selon des modalités plus en rapport avec les exigences académiques élémentaires ». « Il en résultera des diplômés mieux formés, plus confiants en eux-mêmes et en leurs capacités, plus aptes et plus utiles pour le système. Et ceci pour tous les étudiants de l’UEH. Pas seulement pour quelques-uns de quelques facultés et écoles qui fonctionnent déjà dans de meilleures conditions. », a-t-il poursuivi.
Toujours dans la même veine, le recteur de l’UEH a attiré l’attention sur le fait que « les étudiants auront également à leur disposition un éventail plus large de choix parmi les métiers du droit, ce qui leur ouvrira plus largement les portes du marché du travail. »
Les professeurs, de leur côté, pourront bénéficier des dispositions de la loi sur la valorisation des acquis de l’expérience professionnelle. Ce qui leur permettra d’opter pour des grades académiques supérieurs, notamment de maîtrise et de doctorat sur la base de leurs compétences et de leurs expériences.
De sa part, le Secrétaire Général de l’Université d’Etat d’Haïti, Wilson Dorlus, a souligné que les Ecoles de droit, notamment la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Port-au-Prince, les Ecoles de droit des villes de province, du Cap, ont toujours été pour [les dirigeants de l’UEH] une priorité en termes de qualification, en termes de qualité de l’enseignement, mais aussi en termes de renforcement de la profession.”C’est en ce sens que les autorités de l’université amorcent cette réforme dans l’enseignement du droit en Haïti à travers l’installation du cette commission de suivi.
A l’occassion, le Secrétaire Général de la FBH, Me Robinson Pierre-Louis, a présenté une synthèse de l’étude réalisée sur l’enseignement du Droit en Haïti avec l’appui de Chemonics/JSSP (Justice Sector Strengthening Program). Cette étude pointe du droit une situation critique dans l’enseignement du Droit dans le pays. Par example, si le système mobilise 322 professeurs au total, l’étude a revelé que seulement 3% detiennent un doctorat, 23 % detiennent une maîtrise, tandis que 66 % ne detiennent qu’une licence.
Me Robinson Pierre-Louis souligne en ce sens les défis à relever dans le cadre de cette réforme. « Nous savons tous que quand on veut réaliser quelque chose qui va toucher le fond des problèmes, on est des fois mal vu et le jugement arrive très souvent du côté négatif », a-t-il fait remarquer.
« On voulait trouver le mot. On ne pouvait pas supporter cela » a-t-il ajouté, par ailleur, en faisant reférence à l’échec de la majorité des licenciés qui postulent aux épreuves des Barreaux. Sur 135 postulants, seulement 10 sont restés après évaluation, a-t-il indiqué. C’est ce qui a d’ailleurs poussé les autorités à réalisé l’Etude sur l’Enseignement du Droit en Haïti.
D’autre part, le directeur de l’EMA, Me Kesner Michel Thermezi, a exprimé sa considération et ses vifs remerciements aux dirigeants de l’UEH d’avoir pensé à intégrer l’EMA à la Commission de Suivi sur l’Enseignement du Droit en Haïti.
Me Kesner Thermezi s’est montré conscient des carences du système. En ce sens, il a fait un appel aux acteurs pour se mettre au travail en vue de donner des résultats. « Si aujourd’hui des efforts de tous et de toutes sont demandés dans l’intérêt de la justice, pour la stabilité et le renforcement de la capacité des acteurs judiciaires, mettons nous au travail », a-t-il déclaré.
Ladite commission est composée de huit (8) membres issus de différentes institutions partenaires, en l’occurrence l’Université d’Etat d’Haïti (UEH), la Fédération des Barreaux d’Haïti (FBH) et l’Ecole de la Magistrature (EMA). Les professeurs Blair Chery, Jean Judson Joseph et Roland Paphius sont les représentants de l’UEH au sein de la commission; Me Monferrier Dorval, Me Sabine Boucher et Me Yousseline Chérizar Joseph représentent la FBH; Me Maguy Florestal et Me Gabrielle Dominique Pierre représentent l’EMA.
Le Recteur Fritz Deshommes a profité de cette installation pour rendre hommage à la Fédération des Barreaux d’Haïti et à son président d’alors, le Bâtonnier Stanley Gaston, d’avoir commandité cette étude qui permet aux autorités de « mettre le doigt sur un ensemble de déficits du système national d’enseignement du droit et d’envisager des solutions appropriées. » Le Recteur a aussi adressé ses remerciements à l’USAID dont l’appui technique et financier a été capital dans la réalisation de cette étude.