Le Recteur de l’Université d’Etat d’Haïti a procédé, ce mardi 20 août 2024 à l’Hôtel Montana, à l’inauguration de la Chaire de Droit constitutionnel Monferrier Dorval. Cet événement s’est réalisé devant une pléiade de personnalités, notamment le Recteur de l’UEH, les Vice-recteurs aux Affaires Académiques et à la recherche de l’UEH, des membres du Conseil de l’Université, des membres du corps diplomatique, un représentant du Haut Etat Major des Forces Armées d’Haïti, le Doyen et les Vice-doyens de la Faculté de Droit et des Sciences Economiques ; le Bâtonnier de l’ordre des Avocats de Port-au-Prince ; le Protecteur du Citoyen ; les membres des Conseils stratégique, scientifique et académique de ladite Chaire et des membres de la basoche.
Pour amener à bon port la Chaire de Droit constitutionnel Monferrier Dorval, le Conseil Exécutif de l’UEH la confie à un ensemble de personnalités triées sur le volet. Il s’agit des professeurs Fritz Deshommes, Jean Eugène Pierre-Louis, Yvrose Guerrier, Henri Marge Dorléans (président du Conseil scientifique), Carline Joseph Duval (Coordonnatrice du Secrétariat technique), Patrick Pierre-Louis et Renan Hédouville.
Dans son discours, le Recteur Fritz Deshommes en a profité pour fustiger l’attitude des gens qui ne jurent que par la réforme constitutionnelle, le changement de Constitution, l’élaboration d’une nouvelle Constitution. Alors qu’ils ne se sont jamais battus pour son application pleine et entière. Il croit que la Chaire Monferrier Dorval vient en support aux agitations de l’heure sur la question constitutionnelle. « Il est donc plus que jamais nécessaire que notre université accompagne le débat en perspective sur la question constitutionnelle, de permettre aux uns et aux autres de s’y retrouver, de sauvegarder les acquis de nos combats démocratiques comme peuple, comme nation et de faire en sorte que la Charte fondamentale qui doit nous régir soit à la mesure de notre histoire, de notre essence et de nos apports à l’humanité », a-t-il indiqué.
Le Recteur de l’UEH fait appel à des universitaires et professionnels de tout bord à prêter mains fortes à la chaire. pour raisons d’efficacité. « Tant il est également vrai que les questions constitutionnelles ne devraient pas être l’affaire des seuls constitutionnalistes ou des seuls juristes. Les sociologues, les anthropologues, les économistes, les psychologues, les spécialistes de la gestion, des sciences politiques et toute la panoplie des domaines du savoir devront être mis à contribution pour éviter que perdure ce qu’il serait convenu d’appeler « le mal constitutionnel de la République d’Haïti ». A ce sujet, je lance un appel aux professeurs de l’UEH, de tous les domaines, de toutes les disciplines mais aussi aux professionnels et chercheurs de tous horizons pour qu’ils apportent leur pierre à la construction de cet édifice dont nous posons la première pierre aujourd’hui », a poursuivi le Recteur Deshommes.
Pour Me Eugène Pierre-Louis, Doyen de la Faculté de Droit et des Sciences Economiques et membre de la chaire, l’inauguration de la chaire revêt un caractère spécial et une importance particulière. Il voit en cette initiative, un acte de justice à différentes catégories de personnes. « Il s’agit pour la FDSE de l’UEH, non seulement d’honorer la mémoire d’un grand patriote, professeur à l’UEH et Bâtonnier de l’ordre des Avocats de Port-au-Prince assassiné lâchement le 28 août 2024 en sa résidence à Pélerin, mais aussi de lui rendre justice, ne serait-ce sur le plan académique dans le cadre de l’UEH, de rendre justice à la communauté de l’UEH, au corps professoral auquel il appartenait, rendre justice aussi à ses étudiants, aux membres du Barreau de Port-au-Prince, aux membres de la basoche et à la communauté scientifique en général », a-t-il fait savoir.
Pour Me Henri Marge Dorléans, l’inauguration d’une telle chaire ne pouvait plus attendre. « Cette chaire de droit constitutionnel vient à point nommé. Dans son rôle de gardienne du drapeau, symbole de la nation, comme on l’a dit gardienne de la nation, l’Université est tout à fait indiqué pour conduire le pays dans des débats pouvant aboutir à une nouvelle constitution », a-t-il martelé.
Il pense par ailleurs qu’une telle initiative ne doit avoir en aucun cas un caractère ponctuel. « L’œuvre de la Chaire constitutionnelle Monferrier Dorval de Droit constitutionnel doit s’inscrire dans la durée. Il s’agit d’apprivoiser gouvernants et gouvernés et de les réconcilier avec la norme constitutionnelle, de consolider l’Etat droit et les institutions étatiques et de renforcer l’enseignement et la recherche en matière constitutionnelle comme il est indiqué dans la résolution du Conseil de l’Université », a-t-il renchéri.
Me Patrick Pierre-Louis, Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Port-au-Prince, invite les acteurs de la chaire à ne pas se laisser rattraper par la conjoncture. « … La chaire Monferrier Dorval à mon sens devrait prendre sa place par le développement d’une réflexion soutenue de notre histoire constitutionnelle, par l’analyse du fonctionnement des institutions politiques, par la production de propositions idoines en réponse au problème de notre temps. Il ne saurait donc être question que cette chaire se détermine par, je ne sais, quelle urgence politique déclarée. Le temps long de la réflexion ne correspond pas à celui de l’urgence. Pour mieux éclairer notre temps, la lumière doit partir loin derrière. Et les craintes excitées par le moment politique ne devraient pas posséder les travailleurs du savoir intellectuel en matière de droit constitutionnel dont l’œuvre quoiqu’inscrite dans la conjoncture est appelée à la dépasser », a signalé le Bâtonnier.
Pour Me Jean Fallières Bazelais, Directeur général du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique, représentant du ministre Carlos Hercule en la circonstance, la création d’une chaire de droit constitutionnel au nom de Me Dorval est une décision plus que louable. En ce sens, il a félicité les dirigeants de l’UEH pour un tel acte. « …. Au nom du Gouvernement de transition, je vous félicite encore une fois d’avoir pris la décision de lancer officiellement la Chaire de Droit constitutionnel Monferrier Dorval qui constitue une contribution considérable au développement et à la diffusion du savoir universitaire dans ce domaine hautement important du droit public trop souvent bafoué et galvaudé tant du point de vue théorique que du point de vue pratique », a-t-il relaté. Tout en souhaitant beaucoup de succès et d’accomplissement dans l’exécution de la chaire, il dit promettre tout l’accompagnement possible des différentes structures de l’Administration publique.
Il y a lieu de souligner que cette chaire créée par le Conseil Exécutif de l’UEH en date du 11 mars 2024 sera logée à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques (FDSE). Par la mise en place d’un tel dispositif, les dirigeants de l’UEH visent, entre autres, à renforcer l’enseignement de la recherche en matière de constitutionnelle, faire avancer les débats sur les questions constitutionnelles, renforcer l’Etat de Droit te les Institutions étatiques, honorer la mémoire du feu Me Monferrier Dorval, professeur de Droit constitutionnel et ex-Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Port-au-Prince.